lundi 12 octobre 2009

Jazz à Châteauvallon

8 octobre 2009 Béziers
La pluie percute le chapiteau, nous jouons de concert avec le tonnerre. La terre gronde et ruisselle. Quelques spectateurs évitent des gouttes d'eau qui s'échappent du chapiteau. Nous nous serrons les coudes et nous réfugions tous dans un coin de son, à l'abri des frasques de l'orage.
9 octobre Que de sourires hier soir à Castres, dans la salle du Bolegazon. Public très mélomane et très performant. Sly les soumets à rude épreuve en leur demandant de répéter des phrases de blues, des sons de platines etc. La ville est belle et l'hôtel de l'Europe dans lequel nous séjournons est un vrai bijou.Une fenêtre se dessine dans l'encadrement de ma fenêtre !
Fenêtre sur cour, vitraux multicolores.
Que se trame t-il derrière ces 3 couleurs ?La campagne odorante de la Provence, les ruffs mix du prochain disque épatant de Sly...
10 octobre Châteauvallon
Magnifique scène de Châteauvallon. Elle ne pouvait qu'être belle cette scène qui me faisait rêver lorsqu'adolescent je feuilletais les magazines de jazz. Mingus, Gillespie, Portal, Blakey, Châteauvallon, Montreux, lieux et noms mythiques de mon enfance.
La vue sur la baie de Toulon est sublime, les essences de plantes, un public porteur. Nous terminons la soirée en compagnie de Seb venu de Marseille avec ses amis. Les étoiles brillent, nous dormons sur le lieu même, dans la pinède et une fois de plus il sera dur et absurde de quitter le sud et ses essences magiques.

vendredi 2 octobre 2009

Amérique centrale Septembre 2009

19 Septembre 2009 Concert Lunario, Mexico City
Dès les premières minutes de concert les fans de Murcof se singularisent, un homme au fond de la salle crie viva Tijuana, Bajo California, Toca Ulysse... L'attention, la réaction du public est immédiate, 500 paires d'oreilles à l'affut d'une aventure sonore.
Je suis dans mes petits souliers, 1er concert en duo, j'ai le sentiment que toute faute de goût sera rapidement décelée et sanctionnée, et je n'aimerais pas finir en tacos.
Belle ovation, grand succès, nous rejoignons la loge, les bouteilles de Tequila, Tania et ses amies.
Sur le mur un poster des Beatles, grand format, jeunes, espiègles, se battant à coups de polochons dans une chambre d'hôtel. Je suis impressionné par la tenue impeccable de la robe de chambre de McCartney. C'est une excellente idée ce poster des Beatles dans les loges, de quoi relativiser l'égo parfois démesuré de certains artistes.

20 Septembre, Gare routière de Mexico
Une grande et sublime mexicaine rousse aux yeux en amande, embrasse avec passion son jeune amour en tenue militaire. Des indiennes burinées arrivent et partent pour des destinations inconnues. Les noms des destinations jouent avec nos fantasmes.
Il y quelques années j'étais dans cette gare, embarquant pour Acapulco, une des villes qui a soigneusement choisi son nom.
Le soleil est là enfin, inondant de lumière la campagne.
Le bus est insupportable. Toutes les les 3 mn une TV joue un film affligeant. Il est difficile de ne pas être nostalgique. Il y a quelques années les chauffeurs et passagers écoutaient de la Salsa sur des radios de fortune. J'ai encore une cassette achetée à un chauffeur en arrivant à Mexico.
La dictature communiste est bel et bien éradiquée. Une autre dictature continue allégrement de se développer, la diffusion d'une sous culture, sonore, visuelle, amplement alimentée par une impitoyable mondialisation. Lutter contre la bêtise devient un sport, exténuant et quotidien.

21 Septembre, Panama Airport, 18h
Moiteur immédiate, panneaux publicitaires immenses et suspendus dans le ciel sans vergogne. Encore un coup de Dieu.


Canal de Panama, 23 h
Les bateaux énormes de provenances diverses. Un yacht blanc attire l'attention. Il incarne à lui seul toute la misère du monde. Un américain a remonté les 18 km du canal à la nage, payant tout de même sa taxe de 75 cents pour ses 75 kg. Les paquebots payent des fortunes, l'argent est réinvesti dans la ville, principalement dans les quartiers aisés.La campagne peut continuer à caqueter.

22 septembre
Une pluie régulière et fine enveloppe la forêt de buildings. La mousse verte qui recouvre le parking en dessous de l'hôtel est un signe évident, la forêt est prête a reprendre ses droits. La ville n'est qu'une anomalie dans ce monde végétal qui sépare le Panama de la Colombie. Cette jungle est infestée de militaires colombiens, américains, de Farcs et de trafiquants en tous genres. Il arrive que des militaires américains soient largués en pleine jungle pour des exercices de résistance. Ce sont de redoutables prédateurs et gare à celui qui a la malchance de tomber sur une de ces troupes de Rambo.
Un sèche linge,
Une cuisinière,
Une roue de vélo pendent à un arbre comme abandonnés à un vaste projet de rouille

Un oiseau plane au dessus de Panama
Un battement d ailes face à la misère.
La misère face à un battement d ailes.

Le palais du président surplombe le quartier de la prostitution,

L abandon, la pauvreté au coin de chaque rue.
Vision insultante et réaliste.

Panama, paradis fiscal !

23 Septembre Panama, 14h
Le jeune taxi, visage dur et fermé, tenue sportive aux couleurs criardes. Il conduit imprudemment tout en caressant de la main droite 2 crucifix pendus à son rétroviseur. Je l'aurais préféré athée et prudent.

24h
La douche sans pommeau, en prise directe avec le ciel.
Cinq cents morts par mois.
New York est battu à plate couture.
Les jeunes voyous appartiennent à des gangs et se tatouent des pieds à la tête, garçons et filles.
14000 âmes à la dérive. L'entrée dans le clan est validée après l'épreuve du meurtre. On tue une personne au hasard.
On découpe les corps avec méthode, faisant ainsi référence aux anciens chefs indiens qui enfilaient à même leur corps la peau de leurs ennemis.
Les jeunes s'entretuent alors que 14 familles détiennent la richesse du pays et se vautrent dans des paradis fiscaux.
La loi de la jungle profite aux riches. Ici on ne paie pas d'impôt.
Une amnistie générale et un système d'éducation efficace serait source d'espoir.
Serge, le sympathique directeur de l'alliance française a connu le journaliste espagnol qui vient de se faire tuer après avoir filmé le quotidien des voyous.
Nous avons regardé son film déjà en vente dans la rue pour 1 dollar, puis nous sommes allés nous coucher une boule dans le ventre.
Se sentant menacée, une partie de l'équipe du film est partie se cacher en France. Je ne serais pas surpris que le gouvernement Français les renvoie à la case départ.

20h45
Le concert après un déluge de pluie.
Le ciel se libère de son trop plein d eau.
Magnifique écoute devant un public issu de la classe moyenne, rescapé d'un système social impitoyable.

Voyage San Salvador Guatemala City 30 sept 09
Le sourire des indiennes entassées dans une camionnette de fortune,doux présage matinal.Des écolières en costume d'école,toutes de blanc vêtu, debout,à l'arrière d'un pick up,roulent vers un probable futur.La nature verte, vaguement cultivée, sort de son bain de vapeur.Un homme, casquette rouge, marche le long de la route,un fagot de bois sur le dos.Au carrefour, un vendeur de bancs fraîchement construits.La frontière et son lot de trafiquants en tous genres.Les douaniers, impitoyables corbeaux, tout de noir vêtus.
Improbable futur.

dimanche 6 septembre 2009

Journal de la tournée d'été 2009

Samedi 25 juin 2009
Levé a 5h30 nous quittons Prague et son incertitude météorologique. Nous avons donné un concert avec le projet Bénarès sur une magnifique presqu'ile. Les ragas d’Indrani et d’Apurba ont repoussé la pluie.Nous avions joué la semaine passée dans le merveilleux festival de Rio Loco devant des milliers de personnes, avec la Garonne dans le dos, Toulouse de face et un public incroyable, un groupe en ébullition avec Mounir , Marcello, Erbetta et Corboz notre fidèle ingénieur et clavier de génie.

Glastonbury, 13h30
Une foule énorme reprend en cœur les chansons populaires du groupe qui nous précède, un succès énorme. Nous nous installons, l’ingénieur qui règle les retours de scène est extrêmement motivé, j’ai le sentiment que sa femme l’a quitté, qu’il n a pas dormi depuis 2 jours et qu’on vient de lui voler son numéro de carte de crédit..... Il baille et me rappelle cet ingénieur à la Knitting Factory de Los Angeles qui avait amené son oreiller. Talvin n’a pas dormi de la nuit mais il est brillant, ses envolés de tabla sont pertinentes et merveilleuses, nous traversons cette heure qui finalement serait plus dédiée a la sieste sans trop de difficultés.

18H
Crosby Still Nash rentrent sur scène, je n’ai pas ressenti une telle émotion depuis mon premier concert de Miles Davis. Le son d abord un peu confus se précise au fil du concert, ils enchainent des dizaines de chansons que j’adore, Crosby est placide, puissant, onirique, merveilleux, Nash déchire le ciel avec des solos de guitare puissants et inspirés, Still me fait peur avec son regard de Georges Bush mais lorsqu’ il chante, il transcende cette angoisse qui semble l’habiter. Je me retrouve a pérorer tel un journaliste qui doit rendre son papier dans les minutes qui suivent ....Le soleil éclaire les milliers de vieux babas qui chantent a l’unisson. Le cannabis est assez rare chez les jeunes, par contre il est monnaie courante chez ces têtes blanches qui peuplaient l ile de Wight il y a quelques années. Glastonbury c’est 100 pounds la journée, 200 bands par jour, le carnaval est énorme, déguisement divers, fesses a l’air, seins en goguette, beaucoup de bobos qui se font un revival ...

Dimanche 26 juin 2009
Reading est une petite ville de province, charmante, cosy, a l’image de la campagne Anglaise. Peu de monde pour ce concert mais une grande attention, le concert est magique, Talvim est en verve, et nous nous envolons, de concert, le public et le groupe.29 Juin Ronny ScootQuel surprise nous jouons dans le légendaire Ronny Scoot ou travaillait Jon Oldham le manager des stones au vestiaire au début de sa carrière. Club qui a vu défilé le gratin du jazz américain et européen. Le son n’est pas celui que nous imaginions, étouffé par les fauteuils de velours rouge. Le système est en mono est Murcof a vraiment besoin de stéréo. La salle affiche complet, nous nous battons tel des lions et nous terminons par une très standing ovation. Nous évitons de peu la prison, en effet 2 policiers interpelle une fille qui tire sur un joint devant la porte du club, le quartier est chaud, des travestis se battent, des homos paradent ....

30 Juin Montréal
Grande émotion, Stevie Wonder donne un magnifique concert, quelques notes d’harmonica sur un blues mineur, simple , efficace. Le groupe est bon, il enchaine les tubes tout en parlant au public ... en 2 jours nous avons vécu un concert de Crosby Still Nash, un concert de Stevie Wonder je suis comblé.

1er Juillet
1er volet de la trilogie Rendez Vous, que nous présentons dans la salle du Gesu la salle est merveilleuse d’intimité .....Le public d’emblée est très réceptif, accueillant, Braff au piano souffre d’une mauvaise écoute .... Indrani subjugue l’audience.

2 juillet
Apurba remplacera Talvin Shing qui est resté coincé dans le château de Madonna ou probablement dans les montagnes du Zanskar. Le concert est serein et Apurba s’en sort magnifiquement. Un spectateur exprime son mécontentement auprès de Laurent notre agent. Il trouve le tablaiste nul, comparé a celui qui jouait hier. Le tablaiste est Apurba Mukerjee qui jouait hier ....

3 Juillet Paris Project
Garcia est en grande forme, le capitaine planète décoiffe les premiers rangs, Sly Jonhson rebondit.

4 Septembre
Nous quittons Montréal, 2 mois après le dernier concert donné dans le cadre du festival.2 mois de pêche sur les grands lacs, construction de cabane dans les rocheuses, lutte parfois intense pour préserver notre vie face aux milles problèmes qui peuvent survenir lors de ce genre d expédition- Les compétences de Laurent furent précieuses, ces années passées avec les scouts lui ont donné un savoir faire indéniable et indispensable dans ce genre de situation.A présent nous roulons pour jouer a Rimouski, le concert était génial hier mais aujourd’hui le bus est inconfortable, nous avons six heures de route , le paysage est aussi plat et monotone

Rimouski 5 sept 2009
Le soleil réchauffe petit a petit le bus, chaque passager a tenté de se construire un coin de sommeil, il est tôt, très tôt pour des musiciens qui vivent en partie la nuit ....Je quitte cette sublime région avec regret, la perfection de la luminosité, les lacs immenses, des montagnes au loin, cette ambiance n’est pas sans me rappeler la Bretagne , l’Ecosse. Le public de Rimouski nous a accueillis avec joie et cette énergie nous a accompagnée durant tout le concert. Je commence à piquer du nez, je retiens un lac a ma droite, une montagne au loin, un caribou au volant ..... Je traverse ces paysages accompagné par la savante musique de Robert Wyatt que j’écoutais dans ma chambre d’adolescent en rêvant d’un futur possible. Il est là le futur, un point d’horizon définit par la ligne droite d’une route qui se déroule à l’ infini ...les trompettes de Wyatt épousant les formes du possible...

samedi 20 juin 2009

Journal de tournée - Mai 2009

9 avril Canteleu

Je ne croyais pas si bien dire lorsque je m’adresse au public en avouant être heureux de jouer dans la province de Flaubert.
En effet j apprends après le concert que Flaubert habitait Canteleu et que ces manuscrits sont soigneusement conservés dans la bibliothèque de cette petite ville semi bourgeoise, semi dortoir qui surplombe Rouen.
Parcours fléché , la ville de Rouen se plie sous le poids de la bourgeoisie et la surveillance de sa cathédrale et ses très nombreuses églises , imposantes , magnifiques . Comme d’habitude très peu de temps pour visiter la ville , mais j’en garde une image assez précise .
La vue que m’offre ma chambre me transporte rapidement dans une autre époque , les toits , les jacobines , les flèches des églises perdues dans le ciel , les rues étroites ....

10 Avril

Je passe un très bon moment avec Jon Hassell et Mathieu jeune journaliste aux allures de Rocker de Manchester.
Jon est réellement réconfortant, son regard, son parcours, sa verdeur, quel bonheur. Il est un de nos maitre tant il nous a influencé.
J’apprends au détour d une phrase que Jon a composé et joué des claviers dans les 2 extraordinaires albums Fourth Worlds sorties en 1974 sous les 2 noms Eno Hassell .
A mon sens il s’agit des premiers enregistrements electro Jazz .... et un son, un nouveau son, a l’opposé du son de Miles, Jon utilise des harmonisers pour trafiquer la trompette. Beaucoup d’émotions , d amitiés , quelques regards, un monde de question inabordée et Jon reprends son train pour Londres ou il rejoint Eno .

15 Avril

Nous nous dirigeons vers Poitier, nous écoutons la solitude de Leo Ferre, dans le bus Mercedes, traversant la France profonde , verte et campagnarde , industrielle et agricole.
J’ai du mal a me concentrer sur les mots avec Leo qui gueule et qui hurle, il en avait dans le ventre le vieux Leo et il ne mâchait pas ses mots ...


18 avril Reims

Voici le résultat, après 2 coupes de champagne offertes par les délicieux responsables de la cartonnerie de Reims , je dois réécrire mes 3 premières phrases, je patine, je me ratatine, je piétine, la date apparait au milieu d'une phrase....

Vue de ma fenêtre , une grue , le ciel gris et plombé, les toits , des jacobines soigneusement dessinées , les feuilles rouges d’un érable qui se réveille au printemps, un vélo avec un panier accroché au guidon , une poussette verte et 2 chaises de jardin blanches soigneusement disposées autour d une table.
Décidément je reste convaincu que l on devrait contrôler et légaliser le cannabis. Les produits seraient de qualité, l’Etat pourrait ainsi récupérer une taxe et la redistribuer pour la création, et aider les artistes en difficulté dont je ne fais heureusement pas encore partie .Je m’en vais soumettre ce projet a l Elysée.
Je me rappelle qu’il y a quelques années , des députés qui prônaient la légalisation avaient offert un joint a chaque député, je m’imagine leurs enfants subtilisant cet objet fort embarrassant , ceci dit je ne suis pas un fumeur de joint au quotidien , cependant je dois dire que la taxe que les quadragénaires payent au petit matin avec le rire de la fumée et bien inferieur a celle des bulles de champagne . Talvin nous assure que lorsqu’il tournait avec Bjork il y avait toujours quelques bouteilles de champagne dans les loges, et je dois avouer qu’il en est de même pour les concerts avec Christophe.
Talvin Singh compose, je ne perçois qu’une partie du rythme au travers de son énorme casque qu’il a enfilé sur son bonnet de lutin bleu .
Le concert de la cité de la musique il y a 2 jours nous a ravis , le public de Reims était bien sérieux mais a l’écoute , un jeune photographe talentueux nous a gratifié de sa présence et d une expo photo très réussie dans le hall de la cartonnerie .
Le dernier livre de Jim Harrisson me fait sourire, j’apprécie son décalage, son machisme éhonté, sa grivoiserie et sa randonnée au travers de l’Amérique profonde est stimulante.
Talvin Singh me conseille d’envoyer un de nos live a Obama , histoire de tourner aux Etats Unis , je vais y songer , il compose et je ne perçois qu une partie du rythme au travers de son énorme casque qu il a enfilé sur son bonnet de lutin bleu . Talvin nous confie que lorsqu'il tournait avec Bjork ils faisaient des concours de remix dans le bus,....

Arrivé a Strasbourg nous rencontrons l‘équipe d’oxmi Pucino , le soir même il m’invite pour jouer sur l’enfant seul , je suis charmé par la présence chaleureuse et réconfortante d oxmo , tout en rondeur et en sensualité, son groupe est bon.


Notre première partie n’était pas évidente , le public est venu en partie pour Oxmo , il est bruyant et alors que nous commençons le concert nous entendons un groupe qui joue dans une autre salle , la musique du trio , c’ est une ballade dans le désert , elle prends tout son sens dans le silence de la nuit .
Nous développons une énergie sur scène qui englobe rapidement le public, bonheur !

19 avril Freiburg

J’aime et je déteste l’Allemagne, les rues extrêmement propres, les routes parfaites, les maisons si bien entretenues , la nature trop domestiquée ,j’ai toujours le sentiment d’être dans une clinique de luxe pour retraités dont le meilleur moment reste celui ou l’on sort et pourtant … les allemands sont adorables , le public est très mélomane , chaleureux , et c’est un bonheur que d’avoir joué ce soir a Freiburg après 6 ans d’absence .

21 Avril 09

Une cigogne frôle le part brise du bus, elle reviens d’Afrique, sans papier !
La ville de Stanz ou nous avons joué hier se niche au creux d’une montagne, dans un paysage digne des descriptions de Charles Ferdinand Ramuz,
Quelle bonheur de quitter le béton .....
Laurent fait du parapente, je l’aperçois, survolant le lac de luzerne, une bière dans la main gauche, l’Iphone dans la main droite.
Le concert met du temps a démarrer, je ne comprends pas ce que Talvin fait, il s’accorde, écoute la musque et j’aimerais sentir derrière moi la pulsation de ses subtils grooves.



9 mai


La rumeur des muezzin parvient a peine a couvrir celle de la ville . La journée est belle et des myriades de bateaux s’épanouissent sur le Bosphore ...
Hier soir le club Babylone fêtait ses 2o ans et j’ai eu le bonheur de jammer au cotés du band Istanbul session avec qui je vais enregistrer et un clarinettiste tzigane incroyable , Husnu Senlendirici,
De ma chambre je guigne , j’observe la vie d’en haut, les toits de la ville, une famille se réunit autour d’une balançoire ou sont assis des enfants, des ouvriers terminent le fameux hôtel Pera palasdans auquel descendaient les passagers de l’Orient Express … dont Agatha Christie .Les minarets se dressent fièrement face a la mer, Sainte Sophie est assiégé par la mosquée.

(Gare ferroviaire d'Istanbul : Ihlan , Ize, Erik)

Je pense a Bouvier et son collègue qui essayaient de vendre des dessins il y a bien longtemps pour alimenter leur voyage et leur quotidien. Je pense a Kundera et son dernier livre, une rencontre co Gallimard, magnifique de précision, d humour de relativité et d écriture.
Kundera est écrivain formidable, fin, subtil et poétique.
Son dernier livre, une rencontre est un délice, il est inspiré, riche et drôle a la fois. Une seule épine, il vénère la fidélité en amitié … jusque la tout va bien mais il prend en exemple François Mitterrand.

François Mitterrand fut fidèle entre autre a Bousquet, et dans ce cas la je dirais qu’il s agit d’une complicité trouble, malsaine, dégueulasse .Enfin Rilke s attarde beaucoup sur ce sujet, l’art doit être libre de tout jugement .... le débat est ouvert.
Il y a un passage sur le rire qui me plait particulièrement, je me sent en symbiose totale avec son analyse lorsqu’il est effaré par des émissions de TV ou tout le monde rit, lorsque je tombe sur ce genre d’émissions, de gags en gags je me décompose, pour finir par éteindre la télé que je consomme déjà avec parcimonie. Rarement.

Comme le dit si bien Kundera, face a ce genre d’émissions, bruyantes ou tout le monde réagit en faisant des gestes exagérés je me sent condamné a vivre dans un monde du rire sans humour.

Kundera imagine un héros de Dostoieviski , Eugénie Pavlovitch débarquant dans une de ces émissions ,d’abord il est ahuri puis il rit de cette comique absence de comique . C’est a peu près ce que j’essaie de faire dans toute les situations protocolaires et ennuyeuses, Pavlovitch débarquant dans une de ces émissions, d’abord il est ahuri puis il rit de cette comique absence de comique.
C est à peu près ce que j’essaie de faire dans toutes les situations protocolaires et ennuyeuses .... .



13 Mai

Nous traversons les plaines de l'Anatolie avec Istanbul Session. Je suis renversé par la beauté des lieux. Le train survole d'immenses plaines à la fois sauvages et cultivées, protégées par des petites collines de sable. Le tout évoluant dans une large palette de couleur allant du vert aux bruns divers.
De temps à autre quelques maisons aux toits rouges se regroupent autour d'une mosquée. Je n'avais pas vécu une telle notion d'immensité depuis le voyage que nous avions fait de San Fransisco à Los Angeles avec le quartet.
J'écoute Gabriel Fauré maître de l'espace et je rêve de traverser ses immensités sur un cheval.
Chaque musicien semble faire ses leçons sur son computer, le nouveau chien, fidèle berger urbain.



14 Mai



Aéroport Charles de Gaulle.

Deux contrôles de passeports, 45 mn pour récupérer les bagages. Embouteillages, pluie, train raté, bienvenue en France !

mercredi 8 avril 2009

Journal de tournée : Cully et paris

30 Mars 09

Nous vivons une époque formidable. L'écran gouverne le monde et chacun peux s'exprimer à travers le net: Facebook, blogs etc.
Autant d'éléments qui permettent d'afficher son quotidien, sa rareté, sa banalité ou de se présenter, d'avoir l'illusion d'exister .
 
L'égocentrisme, la peur du vide sont au cœur du 3ème millénaire. Je suis bien sûr un de ces acteurs et je me demande quel est le sens profond de tout ceci. Il peut y avoir certes un sens poétique, un sens dramatique. De fait le trop tue le peu...

Mon égocentrisme éhonté me permet d'oublier le peu d'intérêt d'une de mes pages d'écriture. On ne s'improvise pas Flaubert ou Carver.

Ces derniers jours furent chargés d'émotion. Benoit Corboz a joué dans L'Indien project à Fontenay-sous-Bois et à Bern. Son jeu rythmique et mélodique nous a littéralement envoûté...
 
Je n'aurais de cesse de le répéter, Benoit Corboz est un musicien talentueux, sous exploité, un ingénieur du son incroyable, un ami rare.

Le trio MST a pris son envol au Next Step 18 ans révolus de Cully, sur les rives du Léman. Ce festival est programmé par une amie de longue date, Karine Zuber et l'ambiance est bonne.
 
Je suis très tendu le soir du concert. Nous allons jouer le programme Mexico pour la première fois sur scène.
 
Talvin Singh est un musicien subtil, chaleureux, très présent et tout en sourire, il fait face au mutisme de Murcof coiffé de son bonnet, concentré sur ses 40 pistes à mixer.
 
C'est un grand bonheur de jouer ce répertoire. Le public est sage, attentif. Nous nous envolons de concert.
 
Plus tard je rejoindrai  Sophie Hunger sur scène pour un duo. J'écoute régulièrement Sophie en alternance avec Neil Young ou CSN, ses possibilités sont immenses et je suis chaque fois envoûté et charmé.
 
31 Mars

Je participe a une émission littéraire de la radio Suisse Romande, Michel Boujut est au cœur de l'émission, sa passion pour Goodis et Flaubert ne peut que m'enchanter.
 
Michel lit des passages d'un de ses derniers livres dont le titre me plait beaucoup :  la vie de marie Thérèse qui bifurqua quand sa passion pour le jazz pris une forme excessive. J'improvise alors qu'il lit, malgré le brouhaha ambiant du restaurant ou est installée la radio.Nous arrivons à créer une atmosphère poignante.

La journée sera marquée par le sceau de la littérature puisque Jean Echenoz à qui j'ai écrit ce matin me réponds par un courriel magnifique.
  
Je profite d'une accalmie au Caveau des Vignerons pour rejoindre mes amis Malcolm Braff, Marc Erbetta et Moret. 
Chaque soir ils jouent, de 22h jusqu'au petit matin, dans une ambiance torride qui n'est pas sans me rappeler kusturitsa et la folie qui règne dans les Balkans.
 
Joe Lovano qui a joué ce soir avec Boltro et Battista nous rejoins pour un magnifique instant et c'est à nouveau un grand bonheur de le revoir et de jouer à ses côtés.
  
1er Avril
 
La journée est belle et sereine, tout est lumière, reflets, nuances.
La réalité non poétique de l'émission de TV Tard pour Bar me rappelle vite à l'ordre. Je suis rapidement excédé par le ton de l'émission. Le débat s'articule autour du jazz et une fois de plus,  on confond la forme et le fond. On aiguise les querelles de 
chapelles, le jazz, le rock, la soul sont des musiques de métissage, alors pourquoi s'étaler sur les divergences. Je trouve que le débat n'est pas très élevé et je le fais vite savoir. Je m'insurge, je m'énerve, le microphone est constamment coupé et cela 
m'afflige. Je me retrouve à quelques heures du concert avec Sly et Pipon dans un état d'énervement proche du désespoir.
 
L'excellent public de Cully me redonne de la vitalité. Le concert est bon. Joël Bastard et Cello nous rejoignent après le concert.
On rit, on fume et je manque de me fouler la main en cognant contre le plafond de la loge. L'équilibre, la sagesse, une ligne d'horizon encore lointaine.
 
2 avril
 
Je tourne en rond dans le quartier de Bastille pendant près de 45 mn avant de trouver la salle. En effet mon imprésario s'est trompé dans les indications et mon non sens de l'orientation a encore sévit .
 
J'aime le public Parisien, j'aime Paris et cette dynamique de capitale. Nous donnons un superbe concert avec les indiens et Malcolm Braff .
 
Je retrouve avec Bonheur la personne qui m'a signé il y a 12 ans sur le label Blue Note, Michel Mouster, subtil, élégant et discret.
  
3 avril
 
C'est mon anniversaire, le jour de l'année que je souhaite le moins fêter puisque somme toute il me rappelle que j ai grillé une année de plus et que la mort se cache derrière la ligne d’horizon. 
Ceci dit j'aime la conscience de l'éphémère, elle développe l'acuité et la vacuité.
  
Je suis très touché par l'attention que me portent mes imprésarios et mes amis. Le concert de la Maroquinerie avec the Fly est gai .
 
4 Avril
 
Le train est rapide. Nous quittons le soleil, j'écoute les quatuors de Schubert n°13 et 14, une petite merveille...espace, tension, évidence.
 
6 avril
 
Robert Pen Warren m'a encore enchanté avec son livre L'esclave libre. Je relis sans me lasser L'usage du monde de Nicolas Bouvier. Il a développé un art de l'observation, une précision dans l écriture qui lui permet de transformer un point en horizon, tout en restant très fidèle.
 
Enfin deux très bonnes nouvelles, le nouveau Jon Hassell qui paraitra chez ECM, ( que j'écoute déjà ! ) est excellent et mon ami Joël Bastard, un de mes poètes préférés, va publier son premier roman aux Editions Gallimard .

samedi 28 février 2009

Journal de tournée - Février 2009

24 Février 09Nous quittons la gare de Lyon part Dieu , Laurent est au volant . Les différentes sorties pour Limoge se dérobent. Nous nous retrouvons sur la route de Genève. Après 45 mn de route. Nous crevons, évitons la panne d’essence, puis reprenons la route, confiants.Le centre culturel John Lennon vue de l’extérieur me rappelle plus le squat des héros de rue de la sardine de John Steinbeck qu’une salle de concert .La salle est surprenante, voir étonnante de l’intérieur, le son est parfait, les lumières sensible et le sound check est rapide et efficace. J ai un problème avec la nourriture populaire Française , ou c est elle qui en a avec moi , je reviens d’un voyage d’un mois en inde , à chaque coins de rue on mange bien et sain si on fait fi des vapeurs d’essence et du bruit de la ville en furie , et la 1er jour de tournée française , j attrape une aphte sur le restauroute avec une soupe aux brocolis et je me retrouve dans le club le soir même devant un séreux dilemme , vais-je manger ou quitter le lieu ? La situation me rappelle un vieux film américain en noir et blanc ou les artistes se préparent dans leur loge des pates sur un petit réchaud .... Ma fois cela me fait rêver !L’hôtel est un parfait prototype d élevage d acariens en vase clos, chaque millimètre de couverture est imbibé d une fine poussière prête a me déclencher une allergie de tous les diables ......Nous nous retrouvons avec bonheur, Sly, Pipon , moi même , le concert est un feux d’artifice qui ne demande qu’à grandir au fil du temps.

25 Février 09
Nous arrivons a Ramonville , nom de ville qui conviendrait si bien a une BD de Margerin vers 15h.Je pense que l’accueil concocté par le team Sansoneto est un des meilleurs d’Europe. La nouvelle salle est merveilleusement bien conçue, le catering est royal, l’équipe est adorable, on peut se balader le long du canal qui jouxte la salle, c’est un bonheur !C est une épreuve délicate de commenter son propre concert , trop d éloges me conduisent au narcissisme éhonté , une approche trop protestante me fait rêver personne …Quoiqu’ il en soit les impros furent torrides , le public déchainé et attentif , c’est un pur bonheur de vivre l’évolution sonore d un groupe , nous ne sommes pas maitre de l’imaginaire , et de nouvelles directions s affirment au fil des concerts , comme des nouvelles couleurs qui sont la mais que l’on aurait pas encore remarquées et utilisées.

samedi 21 février 2009

Impressions de Pologne
















le beau tenebreux Alberto Malo , remplace Marc Erbetta , il descend du bus avec précaution ..... notre guide César est un historien très affable , attentif et passionnant .

dimanche 28 septembre 2008

Suspense à Guayaquil !!!

28 septembre texte de Benoit Corboz
Fin de tournée en Amérique du sud.Je prends l'avion de Quayaquil Equateur, pour Genève via Madrid, seul.Les autres sont déjà partis par un autre vol tôt ce matin…Après avoir enregistré mes bagages, je vais boire un verre et manger une pâtisserie avec Adeline, notre accompagnatrice de l'allianceFrançaise locale. On papote, on prend notre temps, bien sympathique ma foi.Puis je vais acheter tranquillement quelques cadeaux pour la famille.Bref, tout cela prend du temps si bien que lorsque je quitte Adeline et franchis le portique des vols internationaux je me demande bien quelle heure il peut être et combien de temps il me reste avant l'embarquement.
La longue file d'attente des formalités douanières me fait perdre plus d'une demi-heure. Le douanier fait une drôle de tête mais me laisse passer.Je me présente ensuite au contrôle des bagages à main lorsque j'entends par les haut-parleurs de l'aéroport que je suis prié de me présenter promptement à la porte 6. Plus un instant à perdre !!!Je passe le contrôle. Pas de problème.Sauf qu'à la sortie il y a un petit douanier teigneux qui m'arrête et examine longuement mon passeport.
Il me demande quelque chose que je ne comprends pas lorsque j'entends une deuxième fois mon nom résonner dans les haut-parleurs. La tension monte.J'essaie naïvement de lui expliquer que je suis attendu. Pour toute réponse il me demande de le suivre.Il m'emmène de côté et commence à fouiller mon bagage à main.Après quoi il s'en va de longues minutes avec mes documents de voyage.Le temps passe. Je m'inquiète.Il revient et me demande de le suivre.Il m'emmène alors dans un local lugubre et désert et me demande d'attendre.Puis il s'en va.Je reste seul.
Le spectre de Midnight Express commence à poindre sournoisement..., l'idée du départ de mon avion sans moi aussi.Le douanier revient avec un autre type quelques minutes plus tard. Le type me demande de déposer mes affaires et de passer dans le local voisin.Il y a là une grosse machine composée de 2 gros blocs avec un tapis roulant au milieu. Je dois monter sur le tapis roulant, me positionner de profil et ne plus bouger. Les 2 types ferment la porte du local.Après quelques secondes le tapis se met en marche et fait plusieurs aller et retour, me faisant passer à chaque fois devant les 2 blocs.Bref, ils m'auscultent au rayon X pour savoir ce que j'ai dans les tripes... J'ai alors une pensée pleine de tendresse pour l'inventeur de cette machine extraordinaire qui à n'en pas douter m'a permis d'éviter un traitement bien plus indélicat.
Après quelques minutes de va-et-vient la machine s'arrête et mes deux types bredouilles reviennent me chercher.Je reprends mes affaires et mon douanier me demande de le suivre… Encore.Nous retournons dans la partie publique de l'aéroport. Je me demande si entre-temps je n'ai pas été appelé une 3ème fois par les haut-parleurs.
Je me fais sérieusement du souci pour mon vol.Le type m'amène à la porte 6, je me dis alors que tout va rentrer dans l'ordre. Il parle à l'hôtesse et lui donne mon ticket d'embarquement.La fille déchire mon ticket !!!Stupeur !
Puis elle dit quelques mots à son collègue.Là je ne comprends plus du tout ce qui se passe, le type tapote sur son ordinateur, et me tend un nouveau ticket d'embarquement, Buisiness-Class celui- là !!!Je me dis que ouf je vais pouvoir enfin prendre mon avion, que pour s'excuser ils m'offrent un petit cadeau de compensation, ou alors qu'ils m'ont fait perdre tellement de temps que je n'ai plus le temps d'embarquer en classe économique.La vérité est qu'ils n'ont pas fini de me faire perdre du temps...
Le douanier qui a toujours mon passeport en main me demande de le suivre.Il fait mine de m'emmener vers l'avion, puis, par une porte dérobée, me fait descendre des escaliers de service sinistres.Nous débouchons sur le tarmac, au pied de l'avion et marchons quelques dizaines de mètres.Je me retrouve face à une vingtaine de valises. Il me demande de lui désigner la mienne. Je regarde, elle n'y figure pas.Il me demande si je suis sûr, je vérifie, non, elle n'est pas là. Le douanier est extrêmement contrarié.Il réfléchit un moment puis me fait signe de le suivre.Nous allons vers un gros container que les bagagistes s'affairent à fermer hermétiquement Il leur demande de tout rouvrir, puis de ressortir chaque bagage jusqu'à ce que j'aperçoive ma valise. Les bagagistes obtempèrent sans sourciller. Après qu'ils ont vidé la moitié du container, ma valise apparaît.
Il la saisit, attend qu'un chien détecteur de produits soit passé à côté sans y prêter aucun intérêt et se dirige vers un comptoir, pose ma valise, l'ouvre et commence à la fouiller méthodiquement. Je le regarde et souris en coin lorsqu'il plonge à pleines mains et plein nez dans mon gros sac de linge sale, riche de 10 jours de tournée...Cet abruti s'y reprend à plusieurs fois. A croire que ça lui plaît.Je fais un peu moins le malin lorsqu'il ausculte circonspect mon petit compresseur. Après avoir savamment tourné tous les boutons de long en large (et massacré au passage mes réglages subtils), il se résigne, refait ma valise avec soin, me rend ENFIN mon passeport, me désigne un endroit sur le tarmac, me demande d'y rester et s'en va.
Je me retrouve en compagnie de 2 autres victimes du zèle policier local.Nous attendons encore plusieurs minutes puis un collègue vient nous chercher. Nous le suivons.
Malheureusement nous n'allons pas du tout dans la direction de l'avion. L'inquiétude m'envahit à nouveau. Nous franchissons escaliers corridors et dédales interminables pour nous retrouver à nouveau devant un contrôle de bagages à main.Personne ne m'attend cette fois-ci à la sortie du contrôle.Je me rends alors à la porte 6, où l'embarquement n'a d'ailleurs même pas commencé !!!Je n'y comprends rien.Je m'installe sur un fauteuil.Je revois mon douanier qui a encore le regard sur moi depuis le coin du hall.Je réalise que je ne serai tranquille qu'une fois dans l'avion.Je sors mon Iphone et commence à rédiger mes aventures. En ce moment je survole les Antilles, confortablement installé dans le plus confortable fauteuil d'avion qu'il m'ait été donné de fréquenter. Je viens de le programmer pour me faire un massage du dos, très relaxant je dois dire. Je crois que je l'ai bien mérité.Je vais profiter de cette petite merveille pour m'allonger complètement et faire un petit somme.
A bientôt

Benoît CORBOZ

jeudi 25 septembre 2008

Amerique du Sud

23 septembre, Guayaquil
Dans le parc qui jouxte l'hôtel, se prélassent des iguanes. Ils n'ont pas l'air perturbé par la ville. Ils trimbalent leurs millions d’années de vécu d’un pas désinvolte, comme s’ils s'apprêtaient à chasser ou à être chassés. Je sympathise rapidement avec l'un d'eux. Son nom est Paul, sa coiffure me rappelle vaguement les derniers punks que j'ai rencontré à Camdown Town lors le notre dernier concert à Londres.

24 Septembre 8h00
Paul, mon ami l'iguane a dormi au pied du lit. Non pas que je lui manque de respect, mais je n'arrivais pas à me concentrer sur mon livre et il avait tendance à défaire le lit avec ses pattes. J'avoue qu'il est un très bon compagnon. Ce matin, il est descendu me chercher un thé et quelques gâteaux dans la salle du petit déjeuner.

23h00.
Nous dormons à 3500 m, face au majestueux volcan le Cotopaxi qui culmine à 5800m. Laurent mon agent, et excellent tour manager, a eu la bonne idée de nous proposer cette balade et de loger dans un refuge où il avait séjourné l'an passé. J'ai donc pris une chambre double à Quito avec baignoire et j'ai laisse mon ami,
Paul l'Iguane, seul pendant 24h. J'espère que le personnel de l'hôtel lui vouera tout le respect que j'ai pour lui.La voûte céleste est magnifique. Nous touchons la voie lactée. Je dors malheureusement très mal, malgré le silence olympien de mes compagnons de chambre. L'altitude me donne un mal de tête que je réussi à combattre tant bien que mal, et puis je m'inquiète pour Paul.

25 Septembre 5HOO
Nous sortons du refuge avec Marc, afin de profiter de l'aube. Seuls les coqs s'agitent à cette heure ci. Le volcan se dresse tel un dieu mystérieux et majestueux. Le soleil éclaire les hauts plateaux. Les chevaux, les vaches, les lamas se réveillent.En fin de matinée, nous redescendons en ville, debout à l'arrière d'un pick up. Marc, Laurent et moi-même profitons de ces instants de magie. Paul l'iguane m'accueille à bras ou plutôt à pattes ouvertes dirais-je. Nous allons nous sustenter dans un restaurant proche de l'hôtel. Je rappelle mon ami à l'ordre, il se promène, accroché au plafond de la salle de restaurant et cela attire les regards.

20h30 Quenca
Le théâtre est bondé. Le groupe joue merveilleusement bien. Le public joue merveilleusement bien. La magie du jeu des miroirs nous enveloppe et nous vivons une soirée exceptionnelle.Nous jouons dans le théâtre de la ville. Sa blancheur n'a d'égal que la bêtise d'un fonctionnaire qui n'a de cesse de parler dans son talkie walkie durant tout le concert. Le public est magnifique et nous donnons ce que nous recevons.Pour le rappel, Paul et Laurent tentent de stopper le fonctionnaire qui souhaite allumer la salle afin de rentrer plus vite chez lui. Tentative réussie si ce n'est qu'il allume la salle après le premier titre du rappel ! A la sortie de scène, Marcello lui fait avaler son talkie walkie. A présent nous devons appeler les urgences ...


26 septembre Guayaquil
La route qui relie Quenca à Guayaquil est escarpée. Nous passons un col à 4000m. Le paysage est encore somptueux. De retour à Guayaquil, nous décidons de concert, avec Paul l'iguane, de nous séparer. Je le raccompagne au parc où il rejoint ses comparses qui débutent la nuit allongés sur les branches d'un arbre exotique. Nous sommes un peu tristes mais que ferait-il dans ce monde étriqué que nous prépare la droite européenne.Je quitte le parc et m'enfonce dans la moiteur de cette dernière nuit passée en Equateur.

dimanche 14 septembre 2008

Bogota et Medelin

10 septembre

Le voyage fut assez court, 11 heures ! J'aime m'installer dans ces longueurs: lire, écrire, réfléchir. Je vis les transports comme des lieux de éditation, lorsque mon corps ne me rappelle pas l'absurdité d'être pendu dans le ciel dans un morceau de métal.
L'arrivée à Bogota est nuageuse. La ville se perd dans ses collines. Le soir nous transportons notre décalage dans la vieille ville, charmante malgré le froid saisissant. Quelques regards trahissent une consommation de farine qui est somme toute assez éloignée de celle que l'on utilise pour la pâtisserie.
Laurent et moi rejoignons rapidement le reste du band. Nous avons la conscience que notre vie dans ces rues est assez relative. Ceci dit, j'ai eu le même sentiment en arpentant les couloirs du métro parisien après minuit dans le quartier des Halles il y a quelques jours. Remercions l'insécurité qui nous permet de mesurer notre petitesse dans ce vaste monde.
Une chanteuse Française nous invite à dîner dans un club de Jazz. Un merveilleux mélange de drum and bass, free et chant blues réunit les musiciens. Joyeux bordel.
Le lieu est bruyant, enfumé, mais les gens qui nous accueillent dégagent une telle humanité que c'est un bonheur de se faire fumer tel un morceau de lard que l'on préparerait pour le saloir à l'entrée de l'hiver dans la campagne française il y a 50 ans.
Je me couche après quelques lignes de Dumas.

11 Septembre, Bogota

Le public est ravi. La sono déconne complètement. Je joue dans un espace ou je peux éviter d'entendre mes retours de scène, qui craquent, grésillent...Je suis surpris, le théâtre est plein et nous recevons une standing ovation de 1000 personnes...

12 septembre

Je me demande ce qui pousse l'esthétique militaire a mettre des tenues de camouflage en pleine ville. Je leur conseillerais du gris, voir du rouge lorsque les maisons sont en brique.
Je me demande d'ailleurs ce qu'ils font tous là, accrochés à leur mitraillette tels des enfants dans une cour de récréation qui auraient mal tourné.
Les filles, elles sont dans des habits si moulant que je crains une explosion de tissus, certaines sont charmantes, d'autre nous font découvrir leurs défauts au travers d'une mode inventée pour les mannequins...
La nature est belle, elle me fait penser aux peintures du Douanier Rousseau, explosion de verts et de lumière. Nous survolons actuellement une des trois cordillères qui traversent la Colombie. Je rêve d'habiter danss une de ces fermettes et de m'occuper de ma plantation de café, bien sûr...

13 Septembre Medelin

Je suis étonné, voir effrayé, lorsque j'entends que l'on essaie de forcer ma porte dans la nuit. La petite ville de Manizales m'inspirait confiance, l'hôtel aussi d'ailleurs.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai croisé au petit matin Marc dans l'ascenseur et qu'il m'a demandé si j'avais vu moi aussi les miroirs de la chambre bouger.
Marcello me confirme que nous avons vécu un tremblement de terre de force 5,2.
La nuit porte conseil.
La ville est tapie dans une cuvette. La nature est splendide, riche. Je pense n'avoir jamais rencontré une telle diversité de plantes.
Ici, c'est la silicone vallée. Une jeune femme sur deux se fait refaire les seins, et la chirurgie esthétique bat son plein. Les seigneurs de la drogue sont disséminés en centaines de petits gangs. Malgré ceci la ville affiche un visage très optimiste .
Nous vivons un concert merveilleux. Le public colombien connaît notre musique et le groupe joue de mieux en mieux.

LES PHOTOS DE L'ENREGISTREMENT